Consentement et handicap mental - Atelier animé par Cécile Lesage, psychologue en IME et Bénédicte Sempé-Némoz, CCF — Anccef - Association nationale des conseillers conjugaux et familiaux

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Consentement et handicap mental - Atelier animé par Cécile Lesage, psychologue en IME et Bénédicte Sempé-Némoz, CCF

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Cécile et Bénédicte démarrent avec une courte mise en scène sans parole. D’un côté, un homme plutôt séducteur avec un handicap très léger. De l’autre, une jeune femme qui aime plaire. Elle est atteinte d’une trisomie 21 avec une déficience moyenne. Elle a débarqué il y a quelques mois, et reste encore habitué à « bénéficier » d’une grande protection. Maintenant, ils se connaissent un peu. Elle est sensible à son charme et il essaye d’aller un peu plus loin dans la relation. Nous sommes à l’ESAT, pendant une pause :

Alors qu’il s’approche d’elle et qu’il commence à l’emmener à l’écart, le public se laisse traverser par des impressions ambivalentes entre la crainte et la gaité. Le muet rajoute beaucoup de tensions dans le jeu de scène. Quand il lui met le grappin dessus, elle se dégage en le rabrouant de ses bras. Il se fâche et part en boudant. Rien qu’avec cette scène tout est dit, ou plutôt tout est non-dit, et c’est bien là que ce trouve les enjeux.

Le public est invité à venir jouer une autre approche (parlante) avec un troisième larron : le professionnel qui vient se mettre au milieu. Pendant l’interprétation des rôles, le professionnel vient perturber la dynamique de couple. Le public rit de bon cœur car c’est bien à ce moment-là que la gêne est à son paroxysme. La jeune femme est-elle vraiment consentante ? Pourquoi l’animateur vient-il interférer dans cette intimité ? A quel point le professionnel induit-il les comportements à partir de ses propres croyances ? Jusqu’où cette femme a-t-elle besoin d’être protégé d’un danger ? À partir de quand ce jeune couple pourra-t-il aller plus loin ? Comment gérer le changement d’avis et la frustration qui en découle ? Comment trouver les mots pour verbaliser les ressentis et les limites ? Et finalement, comment se positionner dans un consentement ou non consentement avec une personne en situation de handicap ? Beaucoup de questions sont posées.

Déjà, dans certains cas la conscience de soi, ne va pas de soi ! Or le consentement demande une bonne dose d’affirmation de soi, ne serait-ce que pour s’opposer si besoin. Cela est difficile quand on a souvent décidé pour vous ! Et d’autant plus dans l’inconscient collectif de notre société moderne. N’oublions pas, autrefois le handicap était confondu avec l’aliénation mentale (être étranger à soi). Encore aujourd’hui, dans le milieu du handicap, la sexualité est associée à une pulsion incontrôlable de type bestial ou bien asexué de type angélique.

Pour consentir, il est nécessaire d’être au contact avec ses sensations, ses émotions et son éprouvé intérieur ; nécessaire de pouvoir distinguer la différence soi / autre ; nécessaire d’avoir constitué un schéma corporel suffisamment complet. En effet, la richesse du consentement surgit à la frontière entre l’intime et le social, entre la relation à soi et la relation aux autres. Par exemple, la pudeur est plus compliquée à mettre en place quand les soins du corps sont intrusifs.

Avec les PSH, nous sommes dans un paradoxe : à la fois considéré comme « un enfant » ou « un jeune » alors qu’ils sont adultes. Or le « moi » existe aussi dans le « comment » il a été affirmé par les autres. D’ailleurs certains dénient leur propre dialogue interne en disant « La règle c’est ce que mes parents (ou mon éducateur) pensent »! Du coup, l’accompagnateur est sans cesse dans l’interrogation de sa pratique en fonction du contexte et de la singularité de ceux qu’il accompagne ! Le consentement suppose alors de se sentir soi et de sentie l’autre comme étant « sujet » et non pas « objet ». Et avec, une définition claire des contours et de l’intériorité corporelle et psychiques, même si les limitations en sont différentes. Cela suppose pour les accompagnants, d’aider les PSH dans la maturation de leur dialogue intérieur.

La conscience d’autrui est une notion très abstraite pour certains. Or le consentement, c’est aussi l’accord que l’on reçoit de l’autre… ou pas. Cela fait donc écho à ce que l’on est prêt à entendre comme réponse. Quand les PSH ont du mal à se définir eux-mêmes, il leur est difficile de percevoir l’autre dans son altérité. L’autre n’est pas toujours entendu dans son refus car les pulsions peuvent être envahissantes et ils n’ont pas appris à les contrôler.

Cela suppose pour les accompagnants, d’aider les PSH dans la maturation de leur dialogue envers autrui. Chose encore mal aisée du fait de l’évolution sociétale tardive concernant l’accompagnement de la sexualité. Cependant la notion du consentement reste régulièrement une énigme dans les institutions. Encore aujourd’hui, ce qui peut être toléré dans notre monde « normal », n’est pas encore pleinement accepté dans le champ du handicap. En effet ; les PSH sont des « proies faciles » à protéger des manipulateurs car elles sont souvent naïves ou ont peur de déplaire. Ou inversement avec le refus de porter plainte en cas d’agression sexuelle sous prétexte qu’il est difficile de cerner s’il y avait un accord ! Donc un espace entre le droit des personnes à leur intimité et celui de la protection des personnes vulnérables. Alors comment définir la validité du consentement ? Il doit au moins être libre, éclairé, spécifique et sans équivoque !

Bref, le consentement en milieu du handicap, ce sont les mêmes problématiques que dans le monde « normal » mais peut-être un peu moins outillés. Cela nécessite donc de l’adaptation, sans éviter la vie et ses expériences. Le consentement devrait s’apprendre partout : à la maison, à l’école, à l’IME, au travail…