ECHO PROFESSIONNEL Covid-19 et CPEF — Anccef - Association nationale des conseillers conjugaux et familiaux

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ECHO PROFESSIONNEL Covid-19 et CPEF

C’est une belle journée, un si grand soleil, depuis deux semaines que le confinement a commencé je reprends pour la première fois la route pour me rendre au Centre de Planification…Je roule mais la route est presque déserte je ne croise que quelques camions et de rares passants avec une feuille de papier à la main…Cette ambiance me fait penser aux dimanches matin d’été, rue déserte et des places de stationnement partout…Je suis la première, j’ouvre portes et volets..c’est le silence, le service qui jouxte le CPEF habituellement plein de vie reste dans l’ombre... Ne pas oublier d'arroser les plantes....
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Le médecin qui travaille aujourd’hui avec moi est chargé …boites de gants, masques, gel hydroalcoolique, produits désinfectants…nous préparons le centre : fléchage, affiches de consignes de sécurité, nous retirons tous les flyers de la salle d’attente…

Et puis une première jeune fille arrive, elle porte aussi un masque, ce qui me surprend…j’ai d’ailleurs failli oublier de mettre le mien, un geste qui me renvoie des années en arrière à mon premier métier d’infirmière. J’avais oublié l’odeur des masques, la chaleur qu’ils produisent, la buée sur les lunettes, drôle de feed back.

L’entretien commence, seuls les yeux et le corps me parlent, je dois parfois faire répéter. La personne en face de moi est un peu plus éloignée, j’ai reculé volontairement la chaise, distance de sécurité oblige. Cette situation me contraint à me concentrer encore plus. Les mots, les regards, les mouvements compensent cette partie de visage cachée, il suffit de décrypter autrement. Je me demande si finalement je ne perçois pas plus de choses comme la peur, l’agacement, la satisfaction, la réassurance…

Pour minimiser les risques et éviter que les personnes se croisent dans notre salle d’attente un peu exigüe, nous travaillons sur rendez-vous.

Plus de rire et de brouhaha, c’est le silence.

La journée se termine avec une impression d’avoir croisé de nombreux regards reconnaissants. Plus de merci, au-delà d’avoir eu une réponse à leur demande, les personnes étaient sorties de chez elles, elles avaient pu parler et retrouver du lien social, un moment, une parenthèse comme-ci de rien n’était…

Je reprends ma voiture, la rue est toujours sans vie, seul le soleil a déplacé l’ombre des immeubles. Il fait toujours beau mais une sensation étrange m’envahit, un sentiment bizarre de vivre quelque chose d’inédit.

Impression d’étrangeté, de faire un mauvais rêve….

                                                                                                                                            Christine Lefebvre