Elle, Il, Iel, Dis-moi comment tu t’appelles ? — Anccef - Association nationale des conseillers conjugaux et familiaux

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Elle, Il, Iel, Dis-moi comment tu t’appelles ?

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Ce jour-là, une jeune au prénom de Léa avait pris rendez-vous, c’était la première fois et je ne savais pas à quoi elle ressemblait. Dans la salle je ne vois qu’un jeune à l’allure masculine… C’était Léa.

Une fois installées dans un bureau, nous pouvons commencer les présentations, le cadre de l’entretien et ses limites dans cette structure spécifique pour les adolescents*.

D’emblée, je m’appuie sur mes premières impressions et ma surprise en début de rencontre, puisque je m’attendais à voir une fille. Le-la jeune sourit et m’annonce que c’est pour cela qu’elle est là. Comme le jeune se qualifie au féminin nous nous mettons d’accord de la manière dont je dois l’appeler.

Ce sera donc Léa et elle.

Ce premier contact est important. Important que le jeune se sente écouté sans jugement, sans à priori. Juste une rencontre être là, et s’intéresser, pas seulement à ce que l’on voit mais regarder autrement. Observer, ressentir, être là…Instaurer un climat bienveillant, contenir les émotions tout en les laissant s’exprimer, être là… L’heure passe ; « Déjà » dit-elle. Elle est d’accord pour un deuxième rendez-vous. Aujourd’hui nous avons juste fait connaissance et Léa s’est déjà beaucoup raconté : son mal-être, son corps, son histoire, sa famille, ses parents, ses copines, le lycée… mais aussi ses peurs, ses angoisses, ce qu’elle s’interdit, ses rêves, ses amours...

CCF depuis maintenant 13 ans, je ne me souviens pas avoir lors de ma formation, eu beaucoup d’information sur la transsexualité, le transgenre. Le DIU en sexualité humaine, il y a 5 ans, m’a donné des connaissances et informations sur les prises en charge des transitions et les dysphories de genre. Aujourd’hui je reçois de plus en plus des garçons et des filles se définissant, cisgenres, binaires ou non-binaires, bigenres ou trans... transsexuelles, transgenres ? Bien sûr ces « étiquettes » plaquées donnent lieu à de nombreux échanges : sur ce qu’ils, qu’elles vivent et depuis quand ? Quels mots (ou maux) mettent-ils sur ce désir de changement ?

Comme les jeunes ou leurs parents que je recevais, je me sentais aussi perdue qu’eux, comment les accompagner ? Les lectures, colloques, partages d’expériences avec les équipes et de nombreux professionnels (CCF, éducateurs, psychologues, pédopsychiatres, infirmiers, travailleurs sociaux...) ont été nécessaires afin de pouvoir « penser » ces jeunes et leurs familles.

De tout temps, notre société a évolué par les remaniements des places de chacun dans la famille. Le genre masculin ou féminin est aussi culturel et l’être humain se construit à travers les croyances, les rites, les habitudes. J’apprends par ces jeunes que finalement nous pouvons regarder (et les regarder) autrement. Et si leurs demandes de changements de prénom, de genre, de sexe viennent nous questionner. Que veulent-ils nous dire en cassant les codes et en brisant les vieilles constructions et idées reçues ? Les écouter c’est déjà leur donner un premier espace où la parole est accompagnée. Il me semble important de prendre le temps, ne pas répondre trop vite à la demande, et s’interroger sur celle-ci et son origine. S’entourer d’une équipe pluridisciplinaire pour évaluer les risques, ne pas passer à côté de problèmes psychologiques ou physiologiques. Croiser les regards des différents professionnels dans ces nouveaux interstices qui nous bousculent, ces espaces où les jeunes recherchent leurs identités sexués, sexuelles, genrées.

Notre métier de CCF est au cœur de toutes ces questions identitaires notamment pour les CCF qui travaillent auprès de public jeune (Centres de Santé Sexuelle, EVARS, Maisons des Adolescents, séances d’information sur la Vie Affective et Sexuelle). Notre savoir être et savoir-faire nous permettent de nous adapter et continuer d’apprendre de nous-mêmes et des autres.

Christine LEFEBVRE

Conseillère Conjugale et Familiale, Sexologue

 

Quelques définitions :

Agenre : Identité de genre des personnes qui ne se définissent dans aucun genre. Les personnes agenres rejettent entièrement ou partiellement l'idée même du genre et ressentent une absence totale ou partielle de genre. Il se rapproche du genre neutre, ou d'un troisième genre (ni masculin, ni féminin).

Asexuelle : personne qui ne ressent pas ou peu d’attirance sexuelle. L’asexualité est reconnue comme orientation sexuelle depuis 2017

Bigenre :  désigne les personnes qui appartiennent à la fois aux genres féminins et masculins

Binaire non Binaire :  Quelqu'un de non-binaire ne se sent pas du genre qu'on lui a assigné à la naissance

Intersexe (autrefois appelé hermaphrodite) : personne née avec des organes génitaux masculins et féminins. Ces anomalies plus ou moins importantes (micropénis ou grand clitoris par exemple) ne sont pas toujours opérées.

Cisgenre : personne dont l’identité de genre correspond au sexe de la naissance. (≠ transgenre.)

Megenre Mégenrer : c'est s'adresser à une personne ou parler d'elle avec un pronom ou un genre qui ne lui correspond pas. Par exemple, si François est un homme, parler de lui comme une femme, c'est le mégenrer.

Transgenre = Transsexuel : personne qui ne se reconnait pas dans son sexe de naissance et qui désire parfois changer de sexe ; on parle de transition

 M to F (male to female)

F to M (female to Male)

Une personne qui ressent de manière nette et persistante un décalage entre son identité biologique (homme ou femme) et son genre (masculin et féminin).

Non-binaire ou gender fluid : personne qui ne se reconnait ni dans le genre féminin ni dans le genre masculin, ou dont le genre oscille entre les deux. Certains souhaitent se faire appeler « iel » contraction de « il » et « elle ».

Pansexuel : personne qui éprouve une attirance sentimentale et/ou sexuelle pour une autre, indépendamment du sexe ou du genre de celle-ci : homme, femme, trans. Une version « augmentée » de la bisexualité, en quelque sorte.

Queer ou altersexuel : terme qui englobe toutes les personnes qui désirent se libérer de la norme hétérosexuelle, s’affirment comme différentes, du point de vue du genre comme de la sexualité, sans définir cette différence. De l’anglais queer, « bizarre » ou « tordu »

Queer se réfère à l’identité sexuelle le non binaire se réfère au genre

LGBTQIA+ : Lesbienne, gay, bi, trans, queer, intersexe, asexuel + tous les autres