Interventions auprès d'un large public : témoignage de Carole Combes, CCF de Couples et Familles Toulouse pour interventions auprès de demandeurs d’asile
Entre espoir, attente et tsunami culturel : les demandeurs d’asile.
Deux CCF en HUDA, hébergement d’urgence pour demandeurs d’asile.
Hébergement qui n’a d’urgence que dans sa dénomination, puisqu’il abrite des hommes, des femmes, des familles sur des mois et des mois et des mois …
Une première prise de contact débouche sur une première intervention.
La reconduction n’étant pas évidente (adhésion et retours du public, moyens financiers), l’équipe de la structure cible le thème lui paraissant prioritaire : ce sera la santé sexuelle, à destination des femmes.
Des femmes donc, des adultes, parfois mères, dont certaines ont vécu le pire.
Elles arrivent de pays où les femmes sont sujettes, de leurs parents, de leurs frères, de leur mari, où viol et violences à leur égard peinent à être considérés (malgré les efforts officiels et méritoires de certains pays, mais que peut la loi face à la coutume et loin des métropoles ?).
Nous serons deux pour ce premier atelier, et nous marchons sur des œufs.
La demande est claire : place des femmes, violences conjugales, grossesses à répétition (désirées ou pas ?) ; il s’agit donc d’informer sur la contraception, l’IVG, le consentement et les lois et droits sur ces terrains.
Nous marchons sur des œufs, parce qu’intervenir sur ces sujets c’est plonger dans le privé, l’intime même, et le bain culturel d’origine, qui est aux antipodes du nôtre (et je ne parle pas de géographie).
Un échange d’adultes à adultes, dont on aura mesuré les galères traversées.
Sur ces terrains-là, avec un public vulnérabilisé, dans l’attente et le besoin, la difficulté est de trouver une juste approche, qui réponde à la demande de l’institution (bien consciente au demeurant de la difficulté) et qui écarte toute pose de « donneuses de leçon ».
Elles seront 8 femmes, 7 d’Afrique francophone et 1 anglophone.
Le français est laborieux pour certaines (comme notre anglais parfois, l’auteure de ces lignes ayant confondu « surname » et « firstname), les autres traduisent.
Les illustrations du Power Point ont pour objectif d’aérer notre discours.
On parle de contraception, d’IVG, de consentement, des lois protectrices mais aussi d’amour, de sentiments, de traditions prégnantes et des dilemmes qui en découlent.
Une chance qu’on soit deux, ma collègue Cécile accompagnera à l’extérieur deux participantes très émues à deux reprises.
Certaines s’impliquent et s’expriment beaucoup ; leur enthousiasme a quelque chose de poignant, je trouve, si on envisage qu’elles font peut-être partie des personnes qui attendent toujours une réponse à leur demande d’asile…
Les retours sont positifs, les interventions sont reconduites pour 2023.
Autres thèmes envisagés : l’éducation des filles et des garçons, les violences conjugales et familiales, le couple.
Et on n’oublie pas les hommes, qu’ils soient seuls, pères ou maris !
Merci ici aux intervenantes sociales de l’établissement, qui avaient préparé un accueil cosy et gourmand à tout le monde.
Carole Combes - CCF Couples & familles Toulouse