PETIT RETOUR EN ARRIERE SUR 17 ANS D’EXPERIENCE EN LIBERAL — Anccef - Association nationale des conseillers conjugaux et familiaux

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PETIT RETOUR EN ARRIERE SUR 17 ANS D’EXPERIENCE EN LIBERAL

Je vais fêter mes 17 ans d’expérience, un millier de couples ou d’individuels accompagnés, et plus de 10 000 heures d’écoute ! Et si je prenais le temps de regarder dans le rétroviseur ?...
L’idée n’est pas de présenter un modèle à suivre mais plutôt de partager cette relecture de mon expérience professionnelle à travers les différentes orientations prises mais aussi avec l’éclairage de chiffres, tableaux et camemberts … Merci à mon mari, comptable de formation et doué pour faire des camemberts !!! Cliquez sur le titre pour lire la suite

Une arrivée dans la profession avec une histoire professionnelle préalable

Un parcours qui se cherche

1982, Bac série Economie et des envies plein la tête. Mais que choisir ? J’ai besoin d’une année sabbatique. Je viens de perdre ma mère d’un cancer, mes sœurs ont quitté le nid familial pour vivre leur vie de couple, mon père est dépressif et je l’aide au mieux à reprendre goût à la vie.

Ce sera Psychopédagogie à la Fac Catholique de Lyon. 12 heures de cours par semaine qui me donnent le temps de faire du mime, de participer à la préparation à un convoi humanitaire pour la Pologne et d’apprendre la base pour taper vite à la machine à écrire ! Mais à la Fac de psycho,  j’ai l’impression de faire entrer les enfants dans des cases et ça ne me convient pas.

Je pars, l’année d’après pour une école d’Art appliquée. J’y rentre au culot lors d’une épreuve d’observation où, sans connaissance préalable, je fais une peinture « remarquable » ! Mais j’ai beau passer mes nuits sur des projets artistiques je n’arrive pas à rattraper le niveau de compétence des autres. Blessure à mon égo mais principe de réalité oblige, je dois quitter l’école !

Une orientation qui se trouve

Mes perspectives s’éclaircissent : j’ai envie de travailler dans la communication et garder une dimension artistique. Je pars donc pour un BTS de communication. Deux ans plus tard, me voici sur le monde du travail. Je fabrique un CV comme une présentation œnologique (saison du beaujolais nouveau oblige !) et me voici embauchée pour travailler sur des produits techniques en communication interne. Un an ½ plus tard ce sera le licenciement pour raison économique. Dur à vivre. Mais rapidement un autre poste de Chef de Publicité se profile, cette fois ci pour des produits grand public. Il faut être très commerciale et je ne le suis pas. Je souhaite avoir des enfants et « c’est mal vu » donc je démissionne au bout de deux ans. Nous sommes en 1991.

Priorité Maman !

Bien m’en a pris puisque se présentent maintenant 12 années de maman à plein temps pour mes 4 enfants ! Mais l’échec de ma fin de vie professionnelle ne me convient pas et sous couvert de bénévolat je me forme à être Bibliothécaire,  je fais partie de l’équipe de coordination d’une Crèche Parentale, j’anime, en lien avec la Pastorale Familiale, un groupe diocésain de préparation au mariage… en me disant qu’un jour je reprendrais un poste salariée.

Formation CCF

Grâce à la pastorale familiale, je me forme à l’Ecoute, l’Animation de réunion, l’Expression Orale, la Communication. Ces week-ends sont des préalables au cursus de Conseil Conjugal et Familial avec le CLER. Motivée, je poursuis la formation sur 5 ans et la valide en 2002. En parallèle je fait partie d’une commission qui travaille sur des outils pédagogiques et j’y suis comme un poisson dans l’eau.

A la suite, je suis embauchée par le CLER pour travailler en équipe comme CCF sur Chambéry. J’interviens en animation scolaire dans tous les établissements privés du bassin chambériens (primaires, collèges, lycées). J’aime passer des petits de CE1 qui ont les yeux et les oreilles grands ouverts, aux collégiens qu’il faut « apprivoiser » ou aux lycéens qui sont demandeur de réflexion pour élaborer leur pensées sur les relations garçons/filles. J’aime particulièrement intervenir en lycée technique ou pro car les jeunes peuvent vraiment venir nous chercher en soutien sur leur vie relationnelle et affective (en général sur le sexuel, ils disent assumer !).

J’anime aussi des groupes en soutien à la parentalité en lien avec le tout jeune REAAP (Réseau d’Ecoute d’Aide et d’Appui à la Parentalité) et j’assure des entretiens de CCF.

Installation la peur au ventre

Mais le salariat a ses limites, contraignantes. Je souhaite m’affranchir du CLER et je cherche un poste au département. Rien ne se proposant, j’installe mon cabinet en novembre 2003. Je loue un local au dessus d’une pharmacie  et je fais du démarchage de publicité (tout sert !) pour me présenter.

Les professionnels de santé ne connaissent pas le métier de CCF, et je suis la première à m’installer en libéral sur Chambéry. Avantages et inconvénients. Je cherche à avoir des rendez vous avec les généralistes de mon secteur, avec des paramédicaux (kinés, sages femmes), avec des spécialistes (gynéco, pédiatres, médecins du travail, psychiatres), et avec des psychologues. Un psychiatre, Patrick, m’accueille, me jauge… et me fait confiance. Il m’oriente très vite les couples qui ont plus besoin d’un accompagnement thérapeutique que d’un psychiatre. Des généralistes aussi, jouent le jeu, n’ayant pas toujours le temps, l’envie et la connaissance pour offrir une écoute aidante pour les couples en souffrance. Quelques psychologues réorientent des couples.

 

Il faut continuer à se former

Thérapie de couple

Mais vite je sens mes limites et je souhaite orienter des personnes vers une prise en charge psychologique. Mais mes patients ne veulent pas car on a commencé un travail ensemble qui leur convient. C’est donc à moi d’aller me former ! Ce sera Thérapie du couple et de la famille, en 2008 avec le CERAS à Grenoble. 4 ans de formation, un mémoire à rendre, un groupe de stagiaire très dynamiques et me voici Thérapeute de couple, orientation systémie.

En parallèle, j’ai mis le pied dans le monde du handicap à la demande de l’APEI de Chambéry. La Chef de service, la psychologue et nous (Astrid ma collègue et moi) mettons au point des cursus de formation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle (VRAS) pour les personnes déficientes de l’ESAT. Nous accompagnons différents groupes sur différentes problématiques sur quelques années. Puis Brigitte, la Chef de service part en retraite mais nous restons en liens.

Je suis aussi sollicitée par Sylvie sur la problématique des mariages arrangés et là aussi nous mettons en place des séances de sensibilisation et d’information pour des personnes en réinsertion.

A coté, je continue toujours « ma pub » en informant mes relais médicaux et paramédicaux de cette nouvelle corde à mon arc : la thérapie de couple. Le travail augmente au cabinet et pour du soutien à la parentalité (conférences, animation de groupes de paroles…).

Par ailleurs,  Brigitte, retraitée de l’APEI,  me propose de co-animer avec elle une formation pour des professionnels sanitaires et sociaux sur la VRAS des personnes handicapées dans le cadre d’un organisme de formation professionnelle, l’INFIPP. Avec elle je peux « monter un dossier » pour devenir à mon tour formatrice. Elle me fait confiance et m’introduit à l’INFIPP pour continuer à être intervenante extérieure sur la VRAS dans différentes structures accueillant des publics en situation de handicap mental. Cela me donne l’occasion de me balader en France pour aller dispenser des formations de 2 à 4 jours sur cette thématique et je m’y plais beaucoup ! Ainsi je travaille tant auprès des résidents, travailleurs en situation de handicap qu’auprès des professionnels et bien sur des parents concernés. Petit à petit le champ du handicap mental deviendra ma spécialité.

Sexothérapie

En séance j’ai souvent envie d’aborder franchement la sexualité des couples reçus mais je ne m’en sens pas la légitimité. J’en parle à Patrick le psychiatre des débuts qui me conseille d’aller me former à la Fac de Médecine en Sexologie (il y est prof). Ainsi j’aurais au moins un diplôme universitaire reconnu !!! Va pour un DIU en deux ans à la Fac en 2009-10. Trop fière de ma carte d’étudiante comparable à celle de mes enfants qui attaquent aussi leur cursus d’études supérieures ! Je fais de nouveau « de la pub » pour afficher cette nouvelle spécialité et les demandes arrivent.

Nous sommes 5 Sexologues sur Chambéry : Patrick, le psychiatre, 2 psychologues et 1 kiné. Que des hommes ! Je pense ainsi pouvoir développer une clientèle féminine mais à ma grande surprise, des hommes viennent aussi car ils n’ont pas envie de parler de leur problématique sexuelle à un autre homme. La comparaison des sexes se continue à l’âge adulte !

Forte de cette validation universitaire je continue à développer mes interventions dans le champ du handicap mental, toujours à l’APEI mais aussi avec une autre association « les Papillons Blancs ». J’y ferai la formation, sur 3 ans, des éducateurs qui travaillent en foyers d’hébergement, puis j’assure un suivi « type analyse des pratiques professionnelles » toujours sur la thématique de la VRAS des résidents. Ce partenariat se poursuivra par un soutien pédagogique des équipes pour mettre en place des Groupes de Paroles. Et il continue comme « personne ressource » pour les professionnels et les résidents des foyers et de l’ESAT.

En parallèle, l’IME (Institut Médico Educatif) me sollicite pour assurer des formations pour les professionnels. C’est une collègue du Centre de Planification qui intervient auprès des jeunes et on a pu animer ensemble des réunions pour les parents.

Analyse de la Pratique

Accompagner des équipes à relire leurs pratiques professionnelles demande une formation. J’irai cette fois ci à Lyon avec l’IFATC pour une année de formation en 2018. Là aussi l’équipe de stagiaire est soudée, percutante et c’est une année riche de formation, toujours avec une orientation systémique et très utile concrètement. Par contre je n’ai plus d’énergie pour en « faire de la pub » mais les demandes arrivent : accompagnement d’une équipe de SAVS (Service d’Accompagnement à la Vie Sociale) qui travaille avec des personnes porteuses de handicap mental, puis d’une équipe qui suit des jeunes en errance dans le cadre de la protection de l’enfance.

Mais début 2020, c’est 6 nouvelles équipes qui me sollicitent d’un coup. Ca fait beaucoup et j’y mets beaucoup d’énergie comme quand on démarre quelque chose sans s’y sentir encore totalement à l’aise. D’autant plus que certaines équipes sont des paniers de crabes et que je dois être vigilante pour savoir jouer ma partition en neutralité bienveillante !

Art Thérapie

J’essaie depuis quelques années de calmer mon rythme sur un ¾ de temps. Mais  j’ai l’impression d’être sur-sollicitée par le travail au rythme d’un plein temps. J’ai surtout une injonction familiale tenace qui me distille que je pourrais en faire plus ! Cette règle éducationnelle est bien cernée mais difficile à bouter hors de ma vie ! J’en connais les avantages : me dynamiser pour continuer à me former, à lire, à apprendre. J’en découvre les inconvénients à travers quelques avertissements corporels m’ont pourtant fait prendre conscience qu’il fallait calmer le jeu. Mais je n’arrive pas à freiner car tout continue à m’intéresser même si je m’y use !

 

Le confinement de début 2020 arrive à point nommé. Enfin une bonne raison pour s’arrêter !

Je n’ai pas vanté les séances par Skype auprès de mes patients, beaucoup y étaient aussi réticents et seuls quelques uns en demanderont. Mais surtout toutes les formations et Analyses des pratiques en cours se sont arrêtées. Certes un gros manque à gagner à la fin du mois mais j’en profite pleinement pour prioriser la création, peinture, bricolage, des activités que je sais vitales pour mon équilibre.

Le confinement m’oblige à souffler, prendre du recul et me dire que je veux mettre plus de légèreté dans ma vie professionnelle, plus de créativité. Faut-il repartir dans une formation d’Art Thérapie ? Pas beaucoup de courage pour cela, « le jeu en vaut il la chandelle » ?

A ce jour, je me dis que je vais, de moi-même, oser plus mettre de l’artistique, du corporel dans ma pratique. Proposer à mes patients de dessiner, peindre, modeler, chanter ou danser mais surtout leur proposer en séance ! Pour cela il me faut un local adapté ce qui n’est actuellement pas le cas et comme je cherche à déménager pour un nouveau cabinet, ce sera un critère de plus : avoir un espace libre pour activer concrètement de la créativité en séance (une table, un tapis, des feutres, pâte à modeler et autres magazines à découper…). A suivre !

Bénédicte Sempé Némoz, ce 17 juillet 2020

En annexes :

Quand j’ai travaillé pour le CLER on m’a demandé de rendre des comptes sur toutes mes heures travaillées. C’est comme cela que j’ai commencé, chaque semaine à comptabiliser mes différentes activités. J’en ai tiré quelques tableaux, courbes et autres camemberts qui donnent une vision illustrée de ma pratique professionnelle dans ses orientations les plus importantes (voir plus loin).

Attention je ne présente pas du tout un modèle à suivre mais plutôt une photographie d’une pratique de CCF comme une autre. Elle a juste l’avantage de l’ancienneté : 17 ans d’activité libérale qui a beaucoup bougé selon les formations et orientations prises !

 

3 tableaux à courbes représentant les Heures passées à :

CCF, EVRAS (Education à la Vie Relationnelle et Sexuelle), Soutien à la Parentalité, Formatrice, Accompagnement d’équipes en Analyse de la pratique, Formation personnelle, travail sur des Outils Pédagogiques et travail en réseaux pour la Sexologie.

On remarque que les années 2013-14 ont été les plus chargées en CCF, puis j’ai de moi-même baissé un peu le rythme. L’EVRAS en milieu scolaire s’est arrêté en 2013 par choix : pas le temps de tout faire. L’activité de formatrice est chaotique car les demandes sont ponctuelles et délimitées dans le temps : il y a les années fastes et celles où rien ne se passe ! L’administratif et les déplacements sont des constantes. La publicité est aussi importante car dedans je mets aussi toutes les heures passées pour travailler en réseau en rencontrant d’autres professionnels.

 

Camemberts 2004 : CCF - EVRAS – Parentalité - Formation – Administratif/Compta - Pub

Une activité qui se met en place : priorité à faire de la Pub et à me former. L’EVRAS est déjà bien en place. Le CCF et le soutien à la parentalité démarrent.

 

Camembert 2008 : CCF/EVRAS/Parentalité – Formation/Supervision – Pédagogie et Systémie CCF –Administratif/Compta – Pub

Le CCF s’est bien développé. La formation à la Thérapie Familiale commence. Je développe des outils pédagogiques. L’administratif et la compta prenne du temps. La pub n’est plus aussi nécessaire.

 

Camembert 2013 : CCF/Th Fa/Analyse entretien – Formation/Supervision – Pédagogie/Mariages Forcés/Emips – Administratif/Compta – Pub

Dans le CCF je compte maintenant aussi les Thérapies conjugales ou familiales qui ont pris de l’ampleur. La Parentalité est mise de coté car je n’ai plus autant envie de passer mes soirées au fin fond des vallées savoyardes ! J’ai passé le flambeau à mon collègue, Bruno.

La partie Formation compte aussi les Supervisions pour moi et Intervisions que nous avons mis en place avec des collègues. La dimension Pédagogie reste importante pour développer des outils sur les Mariages forcés ou dans le champ du handicap mental pour développer mes animations/formations pour les personnes porteuses de handicap elles mêmes ou pour les professionnels les encadrant. La pub reste présente surtout pour le travail en réseau.

 

Camembert 2019 : CCF/Th Fa/Analyse entretiens – Formation/Supervision – Pédagogie – Administratif/Compta – Pub/Coll Cabinet/ARMSS – Formatrice/AP - ANCCEF

Le CCF, Thérapies du couple a baissé car je cherche à appuyer sur la pédale de frein ! Plus rien à prouver et envie de ralentir un peu le rythme des entretiens d’autant plus que L’Analyse des Pratiques professionnelle s’est mise en place et que je continue à faire des formations et des accompagnements de professionnels. L’administratif a bien augmenté car j’ai déménagé de cabinet donc trié, archivé, jeté une bonne partie de mes dossiers clients, de mes documents, livres et autres références parfois obsolètes ! Par contre je n’ai plus le temps d’élaborer pour la pédagogie. Tiens l’ANCCEF apparait : je suis la secrétaire du Bureau et en Bureau ou au CA, on y passe du temps et de l’énergie, mais c’est toujours avec plaisir car l’équipe y est sympathique !!!

 

Histogramme des Charges 2004 et 2019 : loyer – Supervision/Formation – Publicité

Mon loyer a beaucoup augmenté quand je me suis installée pour de bon dans un cabinet partagée dont j’étais la propriétaire. Mais c’est devenu trop lourd avec nos deux bureaux (un pour Bruno et un pour moi) et salle d’attente. Nous avons déménagé fin 2019 pour un loyer pratiquement deux fois moins cher. Mais il faut dire que Bruno et moi partageons maintenant la même pièce donc … nous ne nous voyons plus ! De plus le local s’avère bruyant et pas très sympathique sans salle d’attente attitrée. Nous sommes donc de nouveau en réflexion active pour trouver quelque chose qui nous convienne. Il nous faut brosser notre cahier des charges en termes de localisation, confidentialité, silence du voisinage, facilité de parking, liberté d’affichage dans notre salle d’attente, climatisation, professionnels du soin à proximité… Bref un mouton à 5 pattes !

Les coûts pour mes Formations/Supervisions… et achats de livres ont varié mais restent néanmoins des constantes importantes dans mon budget.

Quand à la publicité, cela représente une petite part mais je suis dans 3 entrées des Pages Jaunes : CCF, Psychothérapies – pratiques hors du cadre réglementé et Sexologue.

Voir annexes