Pour aller plus loin … quelques réflexions à partir de votre évaluation... — Anccef - Association nationale des conseillers conjugaux et familiaux

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Pour aller plus loin … quelques réflexions à partir de votre évaluation...

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J'aimerais m'attarder sur une remarque d'un(e) participant(e) au colloque, qui met en lumière et exprime en toute simplicité des besoins réels de nos adhérents.

« Points à améliorer : un accueil en amphi un peu plus chaleureux pour remercier les participants venus de toute la France, ça a démarré un peu sèchement sur l'AG sans qu'on ne sache qui était qui... mais c'est juste pour trouver un point à améliorer ! »

Un besoin de convivialité :

Le thème dominant de cette suggestion est la convivialité (désir d’un accueil chaleureux) : elle apparaît comme essentielle dans nos rencontres. Cela nous pose la question du temps, qui « ne respecte pas ce qui se fait sans lui » [1].. Ce jour-là, nous vous avons été un peu bousculé(e)s, excessivement stressés par la montre ! A vrai dire nous avions anticipé ce problème, qui se posera de façon systématique tant que nous grouperons AG et Colloque, choix que vous privilégiez majoritairement.

Nous avions tenté de contourner la contrainte en vous proposant un temps d’échanges libres en Visio le mardi 14 mars, plus chaleureux que celui que nous impose l’exercice très aride et formel de l’Assemblée Générale.

Nous renouvellerons des temps de rencontre libres à distance entre administrateurs et adhérents.  L’idée d’un dîner le soir (veille du colloque) a aussi émergé … à creuser, même si nous savons d’avance que cela posera immédiatement la question des coûts imposés  à tous les participants et à l’ANCCEF. Nos réflexions ne peuvent faire l’impasse sur le nerf de la guerre !

Un besoin de proximité :

Un désir, bien légitime, de proximité, s’exprime ici aussi : on aurait aimé savoir qui était qui… sans doute le jour de l’AG est-il propice à cette rencontre et vous avez raison de nous rappeler que c’est peut-être par là qu’il faudrait commencer au lieu de vous faire patienter dix minutes jusqu’à la diapo « membres du CA ». Ce sujet mérite toutefois d’être élargi et appelle deux remarques dans cette intention :

Comment ne pas limiter la rencontre à une simple présentation de nos noms et de nos têtes ? Certain(e)s d’entre vous nous connaissent, car elles ou ils interagissent tout au long de l’année avec l’ANCCEF :  nous nous téléphonons, partageons des suggestions, des incompréhensions, des idées nouvelles, des questionnements ou des problématiques … N’est-ce pas aussi ainsi que l’on fait connaissance ? N’hésitez donc pas à vous manifester … Laetitia, qui vous accueille au téléphone ou derrière le clavier, relaie vers nous chacune de vos interpellations et nous avons à cœur d’y répondre.

Comment nous, administrateurs, pouvons-nous vous connaitre vous, adhérents ? Comment créer une forme de réciprocité, même si nos places ne sont pas symétriques ? L’infolettre mensuelle (la newsletter) vous donne la parole pour donner à voir à notre communauté qui vous êtes, ce que vous faites, comment vous travaillez. N’hésitez pas à vous emparer de cet espace, mais aussi à vous lancer pour animer (bénévolement) une proposition d’atelier ou de conférence en ligne, ou pour signaler à l’ANCCEF un talent singulier ou une habileté en rapport avec notre métier que vous pourriez partager avec nous ?

Besoin de politesse et de rituels :

Je vais enfin prendre le risque de choquer en questionnant la suggestion de politesse (ou de rituel d’introduction) contenue en creux dans le message (remercier les participants venus de toute la France)

Qu’on se le dise, en personne bien élevée, ayant le sens des responsabilités, à qui il revenait d’ouvrir ce colloque, ma première pensée en lisant ce commentaire fut colorée de mea culpa : « Mince, il ou elle a raison, je n’ai même pas remercié les participants …C’est nul !  Je vais présenter mes excuses et ils comprendront bien que c’est un oubli à mettre sur le compte du stress … »

Et puis, au moment de mettre en forme ces excuses, en position basse un peu stéréotypée de CCF qui a-bien-appris-à-écouter-et-n’a-pas-peur-des-critiques-et-des-remises-en-cause, j’ai hésité à « rattraper le coup » par un simple petit mot. La question de l’intentionnalité de ce merci , de son sens, et de son honnêteté se sont imposées : fallait-il  vraiment dire merci ? à qui et de quoi ?

Décortiquons ensemble !

Derrière le remerciement :

Le remerciement, qui rend les relations bien agréables que nous apprenons à nos enfants dès l’âge le plus tendre , aurait pourtant des origines financières  . Du latin “merces” qui signifiait “salaire” ou “prix”, la racine du mot “merci” véhicule implicitement l’idée d’une récompense pour un travail ou un effort.

Bien sûr, nous aurions pu dire un merci banal et formel et, rassurez-vous, sans doute le ferons-nous l’an prochain car nous sommes des administrateurs fort éduqués ! Mais laissez-moi couper les cheveux en quatre et tirer ce fil qui m’est tendu pour explorer un peu le sens du remerciement et de la gratitude … Nous pouvons collectivement nous réjouir de voir que l’on se déplace de toute la France pour l’ANCCEF ; pour autant, doit-on remercier les voyageurs ? Qui donne quoi à qui dans cette histoire ?  La participation à un colloque est-elle un effort ? un devoir ? un sacrifice ? un acte de bienfaisance ? un cadeau fait aux administrateurs ou à la communauté ? Peut-être, après tout …

On peut également se demander s’il est légitime de remercier quelqu’un pour une chose qui nous concerne également (nos administrateurs et moi-même, majoritairement provinciaux, nous déplaçons régulièrement de toute la France pour l’ANCCEF). L’art des relations, au Japon, sensibilise au fait que derrière un remerciement (explicite) se jouent des relations (implicites) de place et de rôles respectifs , de positions hautes et basses dont la sophistication nous échappe un peu.

Je m’arrête là au bord de ce sujet abyssal, qui convoquerait tous les penseurs de l’éthique relationnelle autour des actes de donner, recevoir et des dettes nouées par les dons [2]..L’an prochain, nous introduirons le colloque, qui je l’espère, vous réunira nombreux et venus de loin, par une célébration collective de cette belle énergie qui nous pousse à nous retrouver. Si des remerciements et congratulations doivent être adressés, cela se fera dans un échange !

Ces nuances (minimes) étant apportées, je prends la remarque aussi comme le rappel utile qu’un rituel d’entrée a manqué et que le désir d’être fonctionnels, efficaces et … ponctuels peut nous faire passer à côté de dimensions tout aussi importantes.

Anne Dubois Dejean

 

[1] Paul Morand, L’homme pressé

[2] Référence et révérence faites à Mauss , Boszormenyi-Nagy …